L’effort inébranlable de Marie pour sauver la famille de son ami Rémi
« Rémi, tu es sûr que ça va ? » La voix douce de Marie résonnait dans le silence pesant de la cour de récréation. Rémi, les yeux baissés, traçait des cercles dans le sable avec le bout de sa chaussure. Il ne savait pas comment répondre à son amie. Comment expliquer ce qu’il ressentait alors que lui-même ne comprenait pas vraiment ?
Chez lui, les cris étaient devenus une bande sonore quotidienne. Son père, Pierre, et sa mère, Sophie, semblaient incapables de se parler sans s’énerver. Rémi avait entendu des mots qu’il ne comprenait pas entièrement : « séparation », « avocat », « garde partagée ». Des mots qui lui faisaient peur.
Un soir, alors qu’il était censé dormir, il avait surpris une conversation entre ses parents. « Je ne sais pas combien de temps encore je peux supporter ça », avait dit sa mère d’une voix tremblante. Son père avait répondu quelque chose qu’il n’avait pas saisi, mais le ton était sans appel.
Rémi avait senti son cœur se serrer. Il avait toujours pensé que ses parents s’aimaient. Pourquoi tout cela arrivait-il ?
Marie était la seule personne à qui il pouvait parler. Elle était sa voisine et sa meilleure amie depuis la maternelle. Elle avait toujours su comment le faire sourire, même dans les moments les plus sombres.
« Mes parents… ils se disputent tout le temps », finit-il par avouer à Marie, les larmes aux yeux.
Marie fronça les sourcils, déterminée. « On doit faire quelque chose », dit-elle avec conviction.
Elle avait toujours eu cette capacité à croire qu’elle pouvait changer le monde autour d’elle. Rémi admirait cela chez elle. Mais que pouvaient-ils faire ? Ils n’étaient que des enfants.
Marie passa les jours suivants à réfléchir à un plan. Elle savait que les parents de Rémi avaient besoin de se rappeler pourquoi ils s’étaient aimés au départ. Elle avait vu un film où un couple en crise avait retrouvé l’amour grâce à une série de petites attentions.
« On va leur rappeler leurs bons souvenirs », déclara-t-elle un jour à Rémi.
Ils commencèrent par fouiller dans les vieilles boîtes de photos que Rémi avait trouvées dans le grenier. Ils choisirent les photos où ses parents semblaient le plus heureux : leur mariage, leurs vacances en Bretagne, la naissance de Rémi.
Avec l’aide de Marie, Rémi confectionna un album photo qu’ils laissèrent discrètement sur la table du salon. Puis ils écrivirent une lettre anonyme pleine de mots d’encouragement et d’amour.
Les jours passèrent et rien ne sembla changer. Les disputes continuaient et Rémi commençait à perdre espoir. Mais Marie refusait d’abandonner.
Un samedi matin, elle eut une nouvelle idée. « Et si on organisait une soirée surprise pour eux ? » proposa-t-elle.
Rémi hésita. « Tu crois vraiment que ça peut marcher ? »
Marie hocha la tête avec assurance. « Ça vaut le coup d’essayer. »
Ils passèrent la semaine suivante à préparer la soirée en secret. Ils demandèrent l’aide de quelques voisins pour cuisiner et décorer la maison pendant que Pierre et Sophie étaient au travail.
Le soir venu, tout était prêt. Les lumières tamisées, une table joliment dressée et une playlist des chansons préférées de ses parents en fond sonore.
Quand Pierre et Sophie franchirent la porte, ils furent accueillis par un « Surprise ! » enthousiaste de leurs voisins et amis.
Les yeux de Sophie s’embuèrent instantanément. Pierre resta bouche bée un instant avant de sourire timidement.
La soirée se déroula mieux que prévu. Les rires résonnaient dans la maison et pour la première fois depuis longtemps, Rémi vit ses parents se regarder avec tendresse.
Après le départ des invités, Pierre et Sophie restèrent assis ensemble sur le canapé, feuilletant l’album photo que Rémi et Marie avaient préparé.
« Je suis désolée », murmura Sophie en posant sa tête sur l’épaule de Pierre.
« Moi aussi », répondit-il doucement.
Rémi et Marie observaient discrètement depuis l’escalier, un sourire complice sur leurs visages.
Le lendemain matin, Pierre et Sophie annoncèrent qu’ils allaient essayer de sauver leur mariage. Ils remercièrent Rémi pour l’album photo et la soirée surprise.
Rémi sentit une vague de soulagement l’envahir. Il savait que tout n’était pas résolu, mais c’était un début.
En rentrant chez elle ce soir-là, Marie se tourna vers Rémi avec un sourire malicieux : « Tu vois ? On peut changer les choses si on y croit vraiment. »
Rémi acquiesça en silence, reconnaissant d’avoir une amie comme elle.
Mais je me demande… combien d’autres enfants vivent cette même situation sans avoir quelqu’un comme Marie à leurs côtés ? Comment pouvons-nous tous faire une différence dans ces vies fragiles ?