Mon mari, mon amour, et cette inconnue dans notre maison : le jour où tout a basculé
« Camille, il faut que tu saches… »
La voix de ma voisine, Élodie, tremblait à travers la cloison du jardin. Je venais à peine de rentrer de Lyon, où mon travail m’avait retenue toute la semaine. Mes valises n’étaient même pas posées que déjà, l’air semblait chargé d’électricité. Je me suis figée, la main sur la poignée de la porte, le cœur battant à tout rompre.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » ai-je murmuré, redoutant la suite.
Élodie a jeté un regard nerveux autour d’elle avant de s’approcher. « Camille… Je ne veux pas m’immiscer, mais… Deux fois, pendant que tu étais absente, j’ai vu une femme entrer chez toi avec Paul. Elle n’est pas restée longtemps, mais… ce n’était pas la première fois. »
Le sol s’est dérobé sous mes pieds. Paul ? Mon Paul ? Mon mari depuis douze ans, le père de nos deux enfants ?
Je me suis effondrée sur le banc du jardin, incapable de retenir mes larmes. Élodie a posé une main hésitante sur mon épaule. « Je suis désolée, Camille. Je ne savais pas si je devais te le dire… »
Les jours qui ont suivi ont été un cauchemar éveillé. J’ai observé Paul comme une étrangère, guettant le moindre signe, le moindre mot de travers. Il rentrait tard du travail, prétextant des réunions interminables à la mairie – il est adjoint au maire dans notre petite ville de Bourgogne. Les enfants, Lucie et Théo, sentaient la tension mais n’osaient rien dire.
Un soir, alors que je préparais le dîner, Paul est entré dans la cuisine. « Tu as l’air fatiguée », a-t-il dit d’un ton neutre.
J’ai serré les dents. « C’est normal, non ? Avec tout ce qui se passe… »
Il a haussé les épaules et s’est servi un verre de vin sans me regarder. J’ai eu envie de hurler, de lui jeter la vérité à la figure : « Qui est cette femme ? Pourquoi tu fais ça ? » Mais les mots sont restés coincés dans ma gorge.
La nuit suivante, j’ai attendu qu’il s’endorme pour fouiller son téléphone. Rien. Pas un message suspect, pas une photo compromettante. Juste des mails professionnels et quelques textos anodins à ses collègues.
J’ai commencé à douter de moi-même. Peut-être qu’Élodie s’était trompée ? Peut-être que cette femme était une collègue venue discuter d’un dossier urgent ? Mais alors pourquoi ce malaise qui me rongeait ?
Le samedi suivant, j’ai décidé d’en avoir le cœur net. J’ai prétexté une réunion à Dijon et suis partie tôt le matin… pour mieux revenir discrètement en début d’après-midi. Ma voiture garée deux rues plus loin, j’ai longé les haies du jardin jusqu’à la fenêtre du salon.
Et là, je l’ai vue. Une femme brune, élégante, assise sur notre canapé. Paul lui tenait la main et parlait tout bas. J’ai senti mon cœur exploser dans ma poitrine. J’ai voulu entrer en trombe, hurler ma douleur… Mais je suis restée paralysée par la honte et la peur.
Je suis rentrée chez Élodie en larmes. Elle m’a prise dans ses bras sans un mot. « Tu n’es pas folle », a-t-elle soufflé.
Le soir venu, Paul m’a trouvée silencieuse à table. Les enfants chuchotaient entre eux, inquiets. Après les avoir couchés, il s’est assis en face de moi.
« Camille… Qu’est-ce qui se passe ? Tu es distante depuis des jours. »
J’ai pris une grande inspiration : « Qui est cette femme que tu fais entrer chez nous quand je ne suis pas là ? »
Il a blêmi. Un long silence s’est installé.
« C’est… C’est Sophie », a-t-il fini par avouer. « Une collègue… On travaille ensemble sur un projet important pour la ville… »
J’ai éclaté : « Tu lui tiens la main pour parler urbanisme ? Tu crois que je suis idiote ? »
Il a baissé les yeux. « Je suis désolé… Je ne voulais pas te blesser… Je me sens perdu ces derniers temps… »
J’ai pleuré toute la nuit. Le lendemain matin, Paul avait quitté la maison avant l’aube.
Depuis ce jour-là, tout est devenu flou. Les enfants me demandent où est leur père ; je leur mens pour les protéger. Ma mère m’appelle tous les soirs pour prendre des nouvelles – elle soupçonne quelque chose mais je n’ose rien dire.
Au travail, je fais semblant d’aller bien mais mes collègues voient bien que je ne suis plus la même Camille. Même mon patron m’a convoquée : « Si tu as besoin de temps… »
Mais comment prendre du temps quand tout s’effondre autour de soi ?
Je me sens trahie par l’homme que j’aimais plus que tout. J’en veux à mes voisins d’avoir vu ce que je refusais de croire. J’en veux à moi-même de n’avoir rien vu venir.
Parfois, je me demande si j’aurais préféré rester dans l’ignorance… Est-ce mieux de tout savoir ou de vivre dans le mensonge ?
Et vous… Qu’auriez-vous fait à ma place ? Peut-on vraiment pardonner une telle trahison ou faut-il tout recommencer ailleurs ?