« Un Deuxième Enfant ? Pas Chez Moi ! »
Lorsque j’ai rencontré mon mari, Thomas, j’ai été attirée par sa chaleur et sa gentillesse. Il était un père dévoué pour son fils, Julien, issu de son précédent mariage. Après son divorce, Thomas était retourné vivre chez son père, Georges, pour se remettre sur pied. Georges était un homme sévère, ancré dans ses habitudes, et il avait toujours exprimé ses opinions sans détour.
Quand Thomas et moi nous sommes mariés, nous avons décidé de fonder notre propre famille. Nous étions ravis d’apprendre que j’étais enceinte. Partager la nouvelle avec Georges était cependant un moment que je redoutais. Thomas m’assurait que son père finirait par accepter, mais je n’en étais pas si sûre.
Le jour où nous avons annoncé la grossesse à Georges, il était assis dans son fauteuil usé, les yeux rivés sur la télévision. « Papa, » commença Thomas, « nous avons une nouvelle excitante. » Georges baissa le volume de la télé et nous regarda avec attente. « Nous allons avoir un bébé, » dis-je en essayant de paraître joyeuse.
La réaction de Georges fut immédiate et glaciale. « Encore un ? Julien ne suffit-il pas ? » lança-t-il avec mépris. Ses mots m’ont frappée comme un coup de poing. Je sentis mon visage s’empourprer de honte et de colère. Thomas tenta de le raisonner, expliquant combien cela comptait pour nous, mais Georges resta impassible.
« Vous avez déjà du mal à joindre les deux bouts, » continua Georges. « Amener un autre enfant dans ce monde est irresponsable. » Ses paroles étaient comme des poignards, chacune perçant plus profondément que la précédente. Je sentis les larmes monter mais je les refoulai.
Après ce jour-là, rien ne fut plus pareil. L’attitude méprisante de Georges créa un fossé entre nous qui ne fit que s’élargir avec le temps. Thomas était déchiré entre sa loyauté envers son père et son amour pour notre famille grandissante. C’était une tension qui planait sur nous comme un nuage sombre.
Au fur et à mesure que ma grossesse avançait, l’indifférence de Georges se transforma en hostilité ouverte. Il refusa de reconnaître le bébé ou de participer à toute réunion familiale liée à la grossesse. À un moment donné, il suggéra même que nous devrions envisager l’adoption si nous ne pouvions pas gérer le fardeau financier.
Thomas et moi avons essayé de maintenir une apparence de normalité, mais la tension était évidente. Notre maison autrefois heureuse était désormais remplie de disputes chuchotées et de dîners silencieux. La joie d’attendre un enfant était éclipsée par le rappel constant de la désapprobation de Georges.
Quand notre fille, Lila, est née, Georges ne nous a pas rendu visite à l’hôpital. Il n’a pas envoyé de carte ni même appelé pour prendre des nouvelles. C’était comme si Lila n’existait pas dans son monde. La douleur de son rejet était palpable et a laissé une cicatrice qui ne guérirait jamais complètement.
Avec le temps, Thomas et moi avons appris à vivre sans le soutien de Georges. Nous avons construit notre propre petite unité familiale, en nous concentrant sur l’amour et le bonheur que nous pouvions offrir à Julien et Lila. Mais l’absence de l’amour d’un grand-père était un vide qui ne pouvait être comblé.
En fin de compte, le refus de Georges d’accepter notre famille l’a laissé isolé et seul. Il a manqué la joie de voir ses petits-enfants grandir, simplement parce qu’il ne pouvait pas voir au-delà de sa propre perspective étroite.