Naviguer dans la Réalité tandis que mon Partenaire s’Évade dans la Fantaisie

Tout a commencé par un licenciement. Julien travaillait dans une start-up technologique à Paris, un emploi qu’il adorait et dans lequel il excellait. Mais lorsque l’entreprise a réduit ses effectifs, il a été l’un des nombreux à se retrouver soudainement sans emploi. Au début, nous étions optimistes. Julien m’a assuré que ce n’était qu’un obstacle sur la route et qu’il trouverait bientôt quelque chose de nouveau. Nous avions quelques économies et son indemnité de départ pour nous soutenir pendant un certain temps.

Au départ, Julien était proactif. Il a mis à jour son CV, a réseauté avec d’anciens collègues et a même passé quelques entretiens. Mais au fur et à mesure que les semaines se transformaient en mois sans aucune offre d’emploi, son enthousiasme a diminué. Il a commencé à passer plus de temps à la maison, souvent rivé à son écran d’ordinateur. Ce qui avait commencé comme un passe-temps pour passer le temps est rapidement devenu une obsession.

Julien a trouvé du réconfort dans les mondes virtuels des jeux en ligne. Il passait des heures immergé dans ces jeux, perdant souvent la notion du temps. Pendant ce temps, je devais ramasser les morceaux de notre vie quotidienne. Je travaillais à plein temps comme infirmière, un travail exigeant qui nécessitait de longues heures et une grande résilience émotionnelle. En plus de cela, je devais gérer notre foyer et m’occuper de nos deux jeunes enfants, Léa et Lucas.

Léa, notre vive fillette de six ans, demandait souvent pourquoi Papa était toujours occupé avec ses « jeux d’ordinateur ». Lucas, âgé de seulement trois ans, était trop jeune pour comprendre mais ressentait la tension dans la maison. J’essayais de les protéger de la pression croissante entre Julien et moi, mais ce n’était pas facile.

Financièrement, les choses devenaient serrées. Nos économies s’épuisaient et l’indemnité de départ était depuis longtemps épuisée. J’ai pris des gardes supplémentaires à l’hôpital pour joindre les deux bouts, mais c’était épuisant. J’avais l’impression de courir constamment à vide, sans temps pour moi ou ma famille.

J’ai essayé de parler à Julien de mes préoccupations. Je voulais qu’il voie comment ses jeux affectaient toute notre famille. Mais chaque conversation se terminait par de la frustration. Il insistait sur le fait qu’il avait besoin de cette évasion pour faire face au stress du chômage. Il promettait qu’il recommencerait bientôt à chercher du travail, mais ces promesses n’étaient jamais tenues.

Au fil du temps, je me sentais de plus en plus isolée. Les amis et la famille offraient leur soutien, mais il était difficile d’expliquer la situation sans avoir l’impression de trahir Julien. Je l’aimais et voulais le soutenir pendant cette période difficile, mais j’avais aussi besoin qu’il soit présent pour notre famille.

Le point de rupture est survenu un soir où Léa avait une pièce de théâtre à l’école. Elle s’était entraînée pendant des semaines et était si excitée que nous la voyions jouer. Mais le jour venu, Julien était trop absorbé par son jeu pour remarquer l’heure. Nous sommes arrivés en retard, manquant son grand moment. La déception sur le visage de Léa était déchirante.

Ce soir-là, après avoir couché les enfants, j’ai confronté Julien à nouveau. Cette fois-ci, je n’ai pas retenu mes mots. Je lui ai dit combien son absence affectait notre famille et combien nous avions besoin qu’il soit présent dans nos vies. C’était une conversation difficile, remplie de larmes et de colère.

Julien a écouté en silence mais n’avait pas grand-chose à dire en réponse. J’espérais que cela serait un signal d’alarme pour lui, mais au fond de moi, je craignais que cela ne suffise pas.

Alors que je restais éveillée cette nuit-là, j’ai réalisé que les choses pourraient ne pas changer de sitôt. Je devais trouver un moyen de continuer pour le bien de nos enfants et pour moi-même. Ce n’était pas la vie que j’avais imaginée pour nous, mais c’était la réalité que nous vivions.