Les Tribulations Amoureuses de Ma Sœur Nicole

« Tu ne peux pas continuer comme ça, Claire ! » s’exclama Nicole en posant brusquement sa tasse de café sur la table. Le bruit résonna dans le petit café du Marais, attirant quelques regards curieux. Je soupirai, fixant la mousse de mon cappuccino, espérant qu’elle me donnerait une réponse magique à mes problèmes.

Nicole, ma sœur aînée, avait toujours été la plus extravertie de nous deux. Elle avait ce don incroyable pour attirer les gens, comme des papillons autour d’une flamme. Moi, en revanche, j’avais toujours été plus réservée, préférant les livres aux soirées mondaines. Mais Nicole avait décidé qu’il était temps pour moi de trouver l’amour et elle s’était autoproclamée ma marieuse personnelle.

« Écoute, je sais que tu n’as pas envie de sortir ce soir, mais tu ne rencontreras personne en restant enfermée chez toi », insista-t-elle avec un sourire encourageant. Je savais qu’elle avait raison, mais l’idée de me plonger dans l’inconnu me terrifiait.

Ce soir-là, nous nous sommes retrouvées dans un club branché du quartier latin. La musique était assourdissante et les lumières clignotantes me donnaient presque le vertige. Nicole était déjà en train de discuter avec un groupe de jeunes hommes au bar, tandis que je restais en retrait, observant la scène avec une certaine appréhension.

« Claire ! Viens ici ! » cria-t-elle par-dessus la musique. Je m’approchai à contrecœur, essayant de sourire malgré mon malaise. Les présentations furent faites rapidement et je me retrouvai à parler avec un certain Julien, un avocat aux yeux pétillants et au sourire charmeur.

La conversation était agréable, mais je ne pouvais m’empêcher de penser à notre grand-mère Barbara. Elle avait toujours été une figure imposante dans notre famille, avec ses opinions bien arrêtées sur le mariage et la famille. « Une femme doit se marier avant ses trente ans », répétait-elle souvent lors des repas de famille. À vingt-huit ans, je sentais déjà le poids de cette échéance approcher.

Les semaines passèrent et Nicole ne relâcha pas ses efforts. Chaque week-end était une nouvelle aventure : des dîners dans des restaurants chics, des promenades dans les jardins du Luxembourg, des visites de galeries d’art. Pourtant, malgré tous ces efforts, je ne ressentais jamais cette étincelle que l’on décrit dans les romans.

Un dimanche après-midi, alors que nous étions chez notre grand-mère pour le traditionnel déjeuner familial, Barbara aborda le sujet qui fâche. « Alors Claire, as-tu trouvé quelqu’un ? » demanda-t-elle avec un regard perçant.

Je baissai les yeux sur mon assiette, sentant mes joues rougir sous la pression. « Pas encore, mamie », murmurai-je.

Nicole intervint rapidement pour me défendre. « Claire prend son temps, mamie. Elle veut être sûre de faire le bon choix. »

Barbara hocha la tête avec un soupir résigné. « Le bon choix… N’oublie pas que le temps passe vite. »

Cette remarque resta gravée dans mon esprit pendant des jours. Je savais que ma grand-mère voulait simplement mon bonheur, mais ses attentes pesaient lourd sur mes épaules.

Un soir, alors que je rentrais d’une énième sortie infructueuse avec Nicole, je m’arrêtai sur un pont surplombant la Seine. Les lumières de Paris se reflétaient dans l’eau sombre et je me sentis soudainement submergée par une vague de solitude.

« Pourquoi est-ce si difficile ? » murmurai-je à voix haute.

Peut-être que l’amour ne se trouvait pas dans les clubs ou les cafés bondés. Peut-être que je devais simplement apprendre à être heureuse seule avant de pouvoir partager ma vie avec quelqu’un d’autre.

Le lendemain matin, j’annonçai à Nicole que je voulais faire une pause dans nos aventures amoureuses. Elle sembla surprise mais compréhensive.

« Tu sais que je veux juste ton bonheur », dit-elle doucement.

Je hochai la tête avec un sourire reconnaissant. « Je sais. Mais peut-être que je dois d’abord trouver ce bonheur en moi-même. »

En réfléchissant à tout cela, je me demande : pourquoi cherchons-nous si désespérément l’amour à l’extérieur alors qu’il pourrait bien commencer à l’intérieur de nous-mêmes ?