Le jour où tout a basculé : Mon mari, une autre femme, et moi
« Tu ne peux pas me faire ça, Julien ! » Ma voix tremble, résonne dans la cuisine, brise le silence du petit matin. Je serre la lettre entre mes doigts, ce courrier anodin qui a tout changé. Il baisse les yeux, incapable de soutenir mon regard. Je sens mon cœur battre à tout rompre, comme s’il voulait s’échapper de ma poitrine.
Tout a commencé il y a trois jours. J’ai trouvé ce message sur son téléphone, un prénom inconnu : Sophie. « J’ai fait le test, c’est positif. » J’ai cru à une mauvaise blague, à une erreur. Mais non. Ce matin-là, la lettre de la clinique privée de la rue de Rennes m’a confirmé ce que je redoutais : mon mari attend un enfant avec une autre femme.
Je me revois encore, assise sur le carrelage froid, incapable de pleurer. La colère est venue après. Une colère sourde, brûlante. Dix ans de mariage, balayés d’un revers de main. Dix ans de souvenirs, de projets, de rires partagés dans notre appartement du 15ème arrondissement. Tout s’effondre.
Julien tente de parler : « Camille… Je suis désolé… Je ne voulais pas que ça arrive… »
Je l’interromps : « Tu ne voulais pas ? Mais tu l’as fait ! Tu as détruit notre famille ! »
Il s’effondre sur une chaise, la tête dans les mains. Je le regarde, étranger dans sa propre maison. Je pense à nos enfants, Lucie et Paul, qui dorment encore dans leur chambre. Comment vais-je leur expliquer ? Comment leur dire que leur père va avoir un autre enfant ?
Les jours suivants sont un cauchemar éveillé. Ma mère débarque chez nous dès qu’elle apprend la nouvelle. Elle me serre dans ses bras : « Ma chérie, tu dois penser à toi maintenant… » Mais comment penser à moi quand tout me ramène à lui ? Les photos sur le mur, son parfum sur l’oreiller, ses chaussures dans l’entrée.
Mon frère Thomas débarque aussi : « Tu veux que j’aille lui casser la gueule ? » Il essaie de me faire sourire mais je n’y arrive pas. Je suis vidée.
La famille de Julien m’appelle. Sa mère pleure au téléphone : « Camille, je ne comprends pas… Il t’aime tant… » Mais l’amour peut-il vraiment survivre à une telle trahison ?
Je croise Sophie par hasard devant la boulangerie du quartier. Elle est jeune, belle, le ventre déjà arrondi sous son manteau beige. Nos regards se croisent. Elle baisse les yeux. Je ressens un mélange de haine et de pitié. Elle aussi est victime de cette histoire.
Le soir venu, je m’enferme dans la salle de bain. Je regarde mon reflet dans le miroir : cernes profondes, visage tiré. Qui suis-je devenue ? Où est passée la femme forte et indépendante que j’étais avant Julien ?
Un soir, alors que les enfants dorment enfin, Julien s’approche timidement :
— Camille… Je veux être là pour notre famille… Je ne veux pas te perdre.
— Tu y as pensé avant ?
Il ne répond pas. Le silence est lourd.
Je décide d’aller voir une psychologue. Elle m’écoute sans juger. « Vous avez le droit d’être en colère, Camille. Vous avez le droit de ne pas pardonner. » Mais au fond de moi, je ne sais pas ce que je veux. Partir ? Rester ? Tout recommencer ailleurs ?
Les semaines passent. Les amis prennent parti : certains me disent de le quitter sur-le-champ, d’autres me conseillent de pardonner pour les enfants. Mais personne ne vit ce que je vis.
Un soir d’hiver, Lucie me demande : « Maman, pourquoi tu pleures tout le temps ? » Je la serre contre moi et je mens : « Maman est juste fatiguée… » Mais elle sait. Les enfants sentent tout.
Julien s’investit plus que jamais à la maison. Il prépare le petit-déjeuner, emmène Paul au foot le dimanche matin. Mais rien n’efface la blessure.
Un samedi matin, je reçois un message de Sophie : « Je suis désolée pour tout ce qui se passe. Je ne voulais pas détruire votre famille. » Je lui réponds simplement : « Ce n’est pas toi qui as détruit ma famille. »
Je réalise alors que la vraie question n’est pas ce que Julien a fait, mais ce que MOI je veux faire maintenant.
Un soir, je rassemble mes enfants dans le salon :
— Papa et moi avons des choses à vous dire…
Leur regard inquiet me brise le cœur.
— Parfois les grandes personnes font des erreurs…
Lucie pleure en silence ; Paul serre fort sa peluche contre lui.
Après leur coucher, je m’effondre sur le canapé. Julien s’assoit à côté de moi.
— Camille… Je t’aime encore…
Je ferme les yeux. L’amour suffit-il vraiment ? Peut-on reconstruire après une telle trahison ?
Aujourd’hui encore je n’ai pas toutes les réponses. Mais j’avance, un jour après l’autre.
Et vous… Que feriez-vous à ma place ? Peut-on vraiment pardonner l’impardonnable ?