« Ton mari, ma chère, fait entrer une autre quand tu n’es pas là » – L’histoire d’une trahison qui a déchiré ma famille
« Il y a une autre femme chez toi, Camille. »
La voix de ma voisine, Madame Lefèvre, s’est glissée par la fenêtre entrouverte, tranchante comme une lame. J’ai figé, la main encore sur la poignée de la porte. Mon cœur s’est mis à battre si fort que j’ai cru qu’il allait exploser. J’ai voulu rire, balayer cette idée absurde. Mais le regard fuyant de Madame Lefèvre, son air gêné, m’ont glacée. Je n’ai rien répondu. J’ai juste poussé la porte de notre appartement du troisième étage, rue des Lilas, à Nantes.
L’odeur du café flottait encore dans l’air. Tout semblait normal. Mais soudain, chaque détail me sautait aux yeux : le coussin déplacé sur le canapé, une tasse supplémentaire dans l’évier, un parfum inconnu qui flottait dans le couloir. J’ai posé mon sac, tremblante. « Paul ? » ai-je appelé d’une voix étranglée. Pas de réponse. Il était au travail, du moins c’est ce qu’il m’avait dit.
Je me suis assise sur le bord du lit, la tête entre les mains. Comment avais-je pu être aussi aveugle ? Depuis des semaines, Paul rentrait tard, prétextant des réunions interminables à la mairie. Il était distant, absorbé par son téléphone, souriant à des messages que je n’avais jamais le droit de lire. Je m’étais convaincue que c’était le stress, la fatigue…
Le soir même, j’ai attendu son retour dans le noir. Quand il est entré, il a sursauté. « Camille ? Tu m’as fait peur… Pourquoi tu ne m’as pas allumé la lumière ? »
J’ai pris une grande inspiration. « Paul, qui est-elle ? »
Il a blêmi. Un silence lourd s’est installé. Il a détourné les yeux, cherchant ses mots. « Ce n’est rien… Juste une collègue… »
J’ai éclaté. « Ne me mens pas ! Je ne suis pas idiote ! »
Il a haussé les épaules, comme si tout cela n’était qu’un détail. « Camille, tu dramatises. Tu sais bien que je t’aime… »
Mais ses mots sonnaient creux. Je me suis levée d’un bond. « Alors pourquoi elle vient ici quand je ne suis pas là ? Pourquoi tout le monde le sait sauf moi ? »
Il n’a rien répondu. Il est sorti sur le balcon, allumant une cigarette, dos à moi. J’ai senti mes jambes flancher. Je me suis effondrée sur le sol, en larmes.
Les jours suivants ont été un supplice. Les regards des voisins, les chuchotements dans l’escalier, les messages anonymes sur mon téléphone : « Tu mérites mieux », « Ouvre les yeux ». Même ma mère, Françoise, m’a appelée : « Camille, tu dois penser à toi maintenant. »
Mais comment penser à moi quand tout ce que j’avais construit s’effondrait ? Nous avions deux enfants, Lucie et Théo, huit et cinq ans. Comment leur expliquer que leur père préférait passer du temps avec une autre femme ?
Un soir, alors que je préparais le dîner, Lucie m’a demandé : « Maman, pourquoi tu pleures tout le temps ? »
Je me suis forcée à sourire. « Ce n’est rien, ma chérie. »
Mais elle a insisté : « Papa n’est plus comme avant… Il ne vient plus me lire d’histoires. »
J’ai senti mon cœur se briser un peu plus. J’ai pris Lucie dans mes bras, retenant mes larmes. Comment protéger mes enfants de cette douleur ?
La colère a fini par prendre le dessus sur la tristesse. Un matin, j’ai décidé d’aller voir cette femme. Je l’ai attendue devant la mairie. Quand elle est sortie, je l’ai reconnue tout de suite : Élise, une brune élégante, toujours tirée à quatre épingles. Je me suis approchée.
« Bonjour Élise. Je suis Camille, la femme de Paul. »
Elle a rougi, baissé les yeux. « Camille… Je suis désolée… Je ne voulais pas… »
Je l’ai coupée : « Vous saviez qu’il était marié. Vous saviez qu’il avait des enfants. »
Elle a hoché la tête, les larmes aux yeux. « Il m’a dit qu’il était malheureux… Que vous ne l’aimiez plus… »
J’ai eu envie de hurler. Comment avait-il pu salir notre histoire ainsi ?
Je suis rentrée chez moi, vidée. Paul était là, assis sur le canapé. Je lui ai tout raconté. Il n’a pas nié. Il a juste dit : « Je suis désolé, Camille. Je crois que je ne t’aime plus comme avant. »
Le sol s’est dérobé sous mes pieds. Tout ce que j’avais cru solide n’était qu’un château de cartes.
J’ai passé des nuits blanches à pleurer, à ressasser chaque souvenir, chaque promesse. Ma mère est venue s’installer quelques jours pour m’aider avec les enfants. Elle m’a prise dans ses bras : « Tu es forte, Camille. Tu vas t’en sortir. »
Mais je ne me sentais pas forte. Je me sentais trahie, humiliée, perdue.
Les semaines ont passé. Paul a fini par partir s’installer chez Élise. Les enfants étaient déboussolés. Théo faisait des cauchemars, Lucie refusait de lui parler au téléphone.
J’ai dû affronter les démarches administratives, le regard des autres parents à l’école, les questions indiscrètes : « Alors, comment tu vas ? »
J’ai commencé à écrire dans un carnet, chaque soir, pour ne pas sombrer. J’y ai mis ma colère, ma tristesse, mais aussi mes espoirs. Petit à petit, j’ai retrouvé un peu de paix.
Un jour, Lucie est venue me voir avec un dessin : nous trois, main dans la main, sous un grand soleil. Elle m’a dit : « On est encore une famille, maman ? »
J’ai souri à travers mes larmes. « Oui, ma chérie. On sera toujours une famille. »
Aujourd’hui, je ne dis pas que tout va bien. Il y a des jours où la solitude me pèse, où la colère refait surface. Mais j’apprends à me reconstruire, à me faire confiance à nouveau.
Parfois je me demande : comment peut-on survivre à une telle trahison ? Comment retrouver la force d’avancer quand tout s’écroule ? Et vous, qu’auriez-vous fait à ma place ?