« Veux-tu un enfant ? Alors quitte ma maison » : Comment ma belle-mère a failli briser mon mariage
« Tu veux vraiment un enfant avec Camille ? Alors il va falloir que tu partes d’ici. »
La voix de Françoise résonne encore dans ma tête, froide et tranchante comme une lame. Ce soir-là, je suis resté figé dans le couloir, la main crispée sur la rampe de l’escalier, incapable de répondre. Camille, ma femme, était assise dans la cuisine, les yeux rougis par les larmes, fixant son bol de thé comme si elle y cherchait une issue. J’ai senti mon cœur se serrer : comment en étions-nous arrivés là ?
Tout avait commencé six mois plus tôt, quand Françoise avait perdu son appartement à Lyon à cause d’un dégât des eaux. Camille n’avait pas hésité une seconde : « Maman, viens vivre chez nous à Nantes, le temps que tu te retournes. » J’avais accepté, pensant que ce serait temporaire. Mais très vite, la maison s’est remplie d’une tension sourde. Françoise avait ses habitudes, ses exigences : pas de bruit après 22h, pas de chaussures dans le salon, et surtout, pas question d’évoquer l’idée d’un enfant.
Camille et moi en rêvions depuis des années. Mais chaque fois que le sujet revenait sur la table, Françoise trouvait un moyen de détourner la conversation ou de lancer une remarque acide : « Un bébé ? Dans cet appartement déjà trop petit ? Et qui va s’en occuper pendant que vous travaillez ? »
Un soir de novembre, alors que la pluie battait contre les vitres, j’ai surpris une conversation entre Camille et sa mère. « Maman, Luc et moi… on voudrait essayer d’avoir un enfant. »
Françoise a éclaté : « Tu n’y penses pas ! Je viens à peine de m’installer ici et tu veux déjà bouleverser toute la maison ? »
Camille a fondu en larmes. Je suis intervenu : « Françoise, c’est notre vie aussi. On a le droit de penser à notre avenir. »
Elle m’a lancé un regard glacial : « Tant que je vis ici, il n’en est pas question. »
Les semaines suivantes ont été un enfer. Camille s’est repliée sur elle-même. Elle rentrait tard du travail, évitait la cuisine où sa mère régnait en maîtresse absolue. Nos discussions tournaient en rond : « On ne peut pas continuer comme ça », murmurait-elle le soir dans notre lit.
Un matin de décembre, tout a explosé. Camille a fait sa valise et m’a dit d’une voix tremblante : « Je vais chez mon amie Sophie quelques jours. Je n’en peux plus… »
Je me suis retrouvé seul avec Françoise. Le silence pesait lourd dans l’appartement. Elle préparait son café comme si de rien n’était. J’ai tenté d’engager la conversation : « Vous voyez ce que tout cela provoque ? Camille est partie… »
Elle a haussé les épaules : « Elle reviendra. Elle est trop sensible. »
Mais les jours passaient et Camille ne donnait plus signe de vie. Je l’appelais sans réponse. J’ai commencé à douter : et si elle ne revenait pas ?
Un soir, alors que je rentrais du travail, j’ai trouvé Françoise assise dans le salon, une lettre à la main. Elle me l’a tendue sans un mot.
C’était une lettre de Camille.
« Luc,
Je t’aime mais je ne peux plus vivre ainsi. J’ai besoin d’air, de me retrouver loin de cette tension permanente. Je t’en supplie, choisis ce qui est juste pour nous deux.
Camille »
J’ai senti mes jambes fléchir. J’ai relu la lettre plusieurs fois, espérant y trouver une solution cachée entre les lignes.
Le lendemain matin, j’ai pris mon courage à deux mains.
— Françoise, il faut qu’on parle.
— Je t’écoute.
— Je ne peux pas continuer comme ça. Camille est ma femme. Je veux fonder une famille avec elle. Si tu refuses d’accepter cela… alors il va falloir trouver une autre solution pour toi.
Elle m’a fixé longuement, puis a murmuré :
— Tu me mets dehors ? Après tout ce que j’ai fait pour vous ?
— Ce n’est pas contre toi… Mais je dois choisir mon couple.
Elle a quitté la pièce sans un mot de plus.
Ce soir-là, j’ai appelé Camille :
— Reviens à la maison. J’ai parlé à ta mère. Elle va chercher un autre logement.
Il y a eu un long silence au bout du fil.
— Tu es sûr ?
— Oui. Je t’aime. Je veux qu’on ait cet enfant ensemble.
Camille est revenue quelques jours plus tard. Les retrouvailles ont été douloureuses mais sincères. Nous avons pleuré ensemble dans l’entrée, enlacés comme deux naufragés qui retrouvent enfin la terre ferme.
Françoise a déménagé chez sa sœur à Angers deux semaines plus tard. Depuis, nos relations sont restées tendues mais polies.
Aujourd’hui encore, alors que Camille caresse son ventre arrondi sur le canapé du salon, je repense à tout ce que nous avons traversé.
Ai-je eu raison de choisir mon couple au détriment de la famille élargie ? Peut-on vraiment tout sacrifier pour l’amour ? Qu’auriez-vous fait à ma place ?