Le jour où Marie est venue avec son fils : une visite à domicile qui a mal tourné

« Tu ne comprends pas, c’est la dernière fois que je te le dis ! » criai-je, ma voix résonnant dans le salon. Les mots s’échappaient de ma bouche avec une force que je ne reconnaissais pas. Marie se tenait devant moi, les yeux écarquillés, son fils Louis agrippé à sa jupe, pleurant silencieusement. Comment en étions-nous arrivés là ?

Tout avait commencé par un simple coup de téléphone. Marie, une amie d’enfance que je n’avais pas vue depuis des années, m’avait appelée ce matin-là. « Salut, c’est Marie ! Ça fait si longtemps. J’ai pensé que ce serait bien de passer te voir avec Louis cet après-midi. » Sa voix était enjouée, pleine de cette chaleur familière que j’avais toujours appréciée. Sans réfléchir, j’avais accepté.

L’après-midi était doux, le soleil filtrant à travers les rideaux de ma salle à manger. J’avais préparé du thé et quelques biscuits, espérant que cette rencontre serait l’occasion de renouer des liens perdus. Lorsque la sonnette retentit, j’ouvris la porte avec un sourire sincère.

Marie était là, radieuse comme dans mes souvenirs, mais Louis semblait agité. À peine entré, il se mit à courir partout, touchant à tout ce qui était à sa portée. Je tentai de garder mon calme, pensant que ce n’était que l’excitation d’un enfant dans un nouvel environnement.

« Louis, calme-toi un peu », dit Marie d’une voix douce mais ferme. Mais il ne l’écoutait pas. Il renversa une pile de livres que j’avais soigneusement rangée le matin même. Je sentis une pointe d’agacement monter en moi.

Nous nous installâmes dans le salon, essayant de discuter malgré le bruit incessant de Louis qui jouait avec tout ce qu’il trouvait. Marie semblait épuisée, ses yeux trahissant une fatigue accumulée depuis longtemps. « Comment ça va vraiment ? » demandai-je, espérant qu’elle s’ouvrirait à moi.

Elle soupira profondément. « C’est difficile en ce moment. Le père de Louis est parti il y a quelques mois et… » Sa voix se brisa, et elle détourna le regard pour cacher ses larmes naissantes.

Je posai une main réconfortante sur son épaule. « Je suis là pour toi, tu sais ? » Elle hocha la tête, mais je pouvais sentir la distance entre nous, comme un fossé creusé par les années et les non-dits.

Soudain, un bruit fracassant interrompit notre conversation. Louis avait renversé ma lampe préférée, celle que ma grand-mère m’avait offerte avant de mourir. Je me levai d’un bond, le cœur battant la chamade.

« Louis ! » m’écriai-je sans réfléchir. Marie se précipita vers lui, le prenant dans ses bras alors qu’il éclatait en sanglots.

« Je suis désolée », murmura-t-elle, ses yeux pleins de larmes.

Je pris une profonde inspiration pour me calmer. « Ce n’est pas grave », dis-je d’une voix que j’espérais apaisante. Mais au fond de moi, je sentais la colère bouillonner.

La tension était palpable alors que nous essayions de reprendre notre conversation. Mais quelque chose s’était brisé entre nous, quelque chose qui ne pouvait être réparé par des mots.

Marie finit par se lever pour partir, Louis toujours accroché à elle. « Merci pour le thé », dit-elle faiblement.

Je l’accompagnai jusqu’à la porte, un silence pesant entre nous. « Prends soin de toi », dis-je finalement.

Elle hocha la tête et s’éloigna sans un mot de plus.

Je restai là, debout sur le seuil de ma porte, regardant leur silhouette disparaître au coin de la rue. Mon cœur était lourd d’une tristesse que je ne pouvais expliquer.

Comment une simple visite avait-elle pu tourner ainsi ? Était-ce ma faute ? Aurais-je dû être plus compréhensive ?

En fermant la porte derrière moi, je me demandai si nous pourrions un jour retrouver cette amitié perdue ou si elle était condamnée à rester un souvenir du passé.